Disney universe : une bulle ?

Ma date de fin de contrat, le 11 mars, arrivant à grand pas ( plus que 6 semaines), des listes des choses à faire avant de partir sont à exécuter, des moments d'amitié sont à partager, des plans futurs sont à penser... mais avant tout des bilans sont à dresser.

Et, non, jamais, ô grand Jamais, je n'ai regretté ce programme. Il y a beau y avoir eu pas mal de bas (notamment à cause de mon copain qui me manquait et de ma colloc qui me rendait chèvre), les hauts étaient quand même plus nombreux.

Lorsqu'on entre dans l'univers Disney, on est embarqués dans un milieu complètement à part et ça ne nous lâche plus. Coupés du monde, en bien comme en mal, nous ne sommes plus exactement rattachés à la France. Les attentats terroristes de Janvier en ont été une preuve flagrante pour moi. Oui, Charlie Hebdo a été victime de ces attaques mais il semble que ce soit arrivé dans un autre monde.

Par ailleurs, je discutais avec Chisato hier, une amie japonaise, et elle me disait qu'elle n'était pas sur le sol japonais lors du tsunami de Fukushima en 2011. Elle était en Angleterre le jour où cela s'est produit et devait rentrer le lendemain. Elle me disait qu'elle ne savait pas à ce moment-là quoi ressentir. Car d'un côté, elle était soulagée de ne pas avoir été victime du tremblement de terre mais en même temps, elle était triste voire gênée de ne pas avoir vécu cette catastrophe avec son peuple. Etre au Japon ou non pendant les faits n'aurait pas changer grand chose bien sûr, mais sûrement qu'elle aurait appréhendé son rapport avec son pays d'une autre façon. Je n'ose évidemment pas comparer Fukushima avec les attentats terroristes de Paris mais il me semble que je partage le même sentiment qu'elle par rapport à mon pays. J'aurai aimé être à Paris pour ce que ont vécu les parisiens (la peur sur le moment mais aussi la marche qui a suivit).

Bref, fermons cette parenthèse et revenons à nos moutons. L'idée est que la bulle Disney nous enferme pendant un an. Heureusement que des voyages aux quatre coins des Etats-Unis sont envisageables pendant le programme mais c'est à compter sur les doigts d'une main tant l'argent vient à manquer. C'est sans aucun doute la chose que je regretterai le plus d'ailleurs. J'envie les serveurs de Chefs de France ou M. Paul qui se font plein d'argents (ils se font au minimum en une journée ce que l'on se fait en une semaine). Mais bien sûr, l'argent ne fait pas tout. Apparemment, être serveur, c'est à la fois stressant et fatigant : ils travaillent beaucoup et n'ont pas le droit à l'erreur sous peine d'être renvoyer. Nous, pauvres castmembers attraction et merch que nous sommes, nous ne travaillons que 32 heures mais nous ne sommes pas stressés pour deux sous et il est moins facile de se faire renvoyer. (Prendre cette phrase avec des pincettes car dernièrement, trois merch se sont fait virer car un castmember avait prêté sa carte Disney à un autre afin qu'il bénéficie d'une petite réduction devant une manager qui sur le coup n'avait rien dit. Les deux castmembers ainsi que la fille qui les a encaissé se sont fait virer, ni plus ni moins !)

Mais nous avons d'autres problèmes : l'Ennui. Bien que les guests soient tous les jours différents, il n'en reste pas moins qu'ils sont les mêmes pour nous. Toujours les mêmes visages, les mêmes silhouettes, les mêmes questions, les mêmes blagues... Je ne veux pas jouer ma française râleuse, mais il est incontestable que ce boulot est ennuyant tant il est répétitif et creux. (Heureusement que les collègues font la différence !) Je pensais qu'un an allait passer vite, ce qui n'est pas faux mais ce qui est vrai aussi c'est qu'on a vite fait le tour.

Et les jours se ressemblent.

Les seules journées qui changent c'est lorsque je forme les nouveaux managers, coordinateurs ou encore mieux les castmembers mais ça n'arrive que très rarement. Donc on retourne en enfance : on se fait des blagues entre nous, on déconcentre le castmember qui fait son speil au micro en faisant le pitre (et qu'on il a un fou-rire c'est le jackpot, on est trop fier de nous), on débranche le micro, on touche aux boutons de la console sans qu'il nous voit pour que les rideaux du théâtre ne s'ouvre pas à la fin de son spiel. Bref, on s'amuse comme on peut.

Et on mange ! On s'ennuie tellement qu'on mange presque toute la journée et malheureusement pour nous, pas forcément des choses diététiques.

Je conçois la répétition dans une profession, c'est normal. C'est même l'essence du travail : on a des qualifications, on est formé pour faire une tâche et ensuite on l'exécute encore et encore. C'est ce qui fait de nous un professionnel en la matière. Soit. Mais là où ça me gène c'est que ce que l'on répète en tant que castmember, ça ne nous enrichit que très trèèèès peu. Au greeter, on répète la durée d'attente avant le film, on renseigne la localisation des toilettes, de la bakery etc... et on répète le même speil encore et encore. Au théâtre, on reste assis sur le siège prévu pour nous et on regarde le film, encore et encore, c'est tout. Une perte de temps terrible ! C'est pourquoi la tentation d'aller voir ses collègues dans le bureau est grande...

J'ai eu une réunion cette semaine, on a surtout parlé de la sécurité que l'on pourrait améliorer dans le parc avec des near-miss, des dangers qui pourraient arriver mais ce qui a le plus retenu mon attention c'est quand on a parlé du travail à proprement parlé. Le représentant disait savoir le vide que l'on pouvait ressentir certains jours quand le parc est presque vide (surtout après les fêtes de fin d'année) mais qu'il fallait se remotiver en réalisant que travailler dans un parc agréable, propre, joliment décoré, sans SDF, plutôt que dans un bureau peu éclairé et rempli d'ordinateurs (ma hantise) était une chance inouïe et que si ça nous coûtait de faire ce boulot, c'est qu'on n'était pas fait pour cela... Effectivement, on a tendance à ne pas se rendre assez compte de la chance qu'on a dans la vie, on remarque plus facilement les choses négatives, à améliorer.

Au début du programme, on nous montre des vidéos sur l'univers disney. Si l'on est un temps soit peu cynique ou même méfiant, on pourrait croire en assistant à ces images de présentation à une sorte de propagande au mieux ou au pire à une secte. En vrai, il s'agit d'une doctrine. La Walt DIsney Company suit et enseigne la pensée d'un homme, Walter Elias Disney. Les murs des locaux Disney sont envahis de portraits et de citations de cet hommes. On nous explique très clairement que l'on ne serait jamais là si Walt n'avait jamais existé et il est de notre devoir de servir au mieux la cause qu'il lui tenait à coeur : créer de la magie, faire que les guests se sentent dans les parcs Disney comme nulle part ailleurs.

Pour cela, respecter les quatre clés que j'ai déjà abordé sur ce blog) : 1) safety : créer un milieu où les guests se sentent en sécurité, 2) courtesy : faire que le guest ait le sentiment d'être un roi ; 3) show : le guest doit avoir l'impression d'être dans un univers magique où règne sa propre vérité et 4) efficiency : être le plus efficace possible, le guest doit vivre le maximum d'expériences dans le parc.

Parmi les vidéos, je m'en d'une souviens particulièrement qui me faisait doucement rigoler à l'époque. C'était ces castmembers interviewés pour l'occasion qui disaient se lever le matin pour aller bosser avec un grand sourire sur leur visage. Pour moi, à part si mon boulot consistait à manger des glaces avec Ryan Gosling, le simple fait de me lever pour aller travailler me retirerait toute envie de sourire. Néanmoins je dois admettre que j'avais tort. Souvent, lorsque je traverse le parc pour aller au pavillon français commencer ma journée, il m'arrive de sourire. Hé oui ! Sourire en allant au travail. Le représentant avait raison : c'est un milieu magnifique pour travailler. La musique de la Belle et la Bête où de La Belle aux bois dormant dans les hauts-parleurs, les nombreux jardins aux fleurs colorées agrémentant les rues propres, le lac reflétant le soleil... Un petit paradis.

En somme, le milieu Disney nous enferme dans une réalité pas déplaisante bien sûr, mais déformée. Si vous voulez faire ce programme, sachez-le. Pour ma part, j'ai un peu peur pour le retour à la réalité.

Comments

[Angela]

Et bien ça a pas changé les licenciements j'ai fait le même programme que toi en 2009 et j'ai été viré car quand j'étais à la wine j'ai fait payer moins une boisson à 2 de mes collègues qui était off, dans la queue il y avait un fox du coup on a été viré tous les 3. Malgré cette expériences avortée j'ai passé de bons moments à Orlando (entre les soirées, voyages...) je regrette rien même des années après je repense souvent à cette expérience

[Laetitia]

Genial ton blog ! Ca donne envie d'y aller ! Comment s'est passe la fin de ton sejour ?? Laetitia